15 décembre 2018
Le blog de François Solesmes débuta il y a juste dix ans.
Les textes qui méritaient d'y figurer y ont été intégrés mois après mois, quinzaine après quinzaine, selon ses choix jusqu'en 2016, ensuite en puisant dans les inédits qu'il avait revus, corrigés, mis au net, donc qu'il jugeait dignes de diffusion. L'essentiel a ainsi été mis en ligne.
Le temps est-il venu de clore cette « fenêtre » sur son œuvre ? La question nous amena à revenir au tout premier texte paru, fin 2008 – et redécouvert avec quelque surprise .
Ce texte n'est-il pas, aujourd'hui, la meilleure conclusion possible ? C'est la voix même de François Solesmes, avec ses ferveurs, ses attachements, son humour ; c'est à tous ses lecteurs, proches ou lointains, connus ou inconnus, qu'il s'adresse. Une dernière fois « directement ».
Mais son Œuvre publié lui survit. Où retrouver, à foison, à travers ses thèmes « inébranlables » (L'Arbre, L'Océan, La Femme), sa prose poétique, fervente, originale, inclassable, libre et riche de sa liberté.
[Le blog restera disponible, en ligne, pour permettre la découverte, ou la redécouverte, de l'ensemble des textes qui y figurent. La bibliographie rendra possible la recherche de toutes les oeuvres publiées.]
Je m'éveille. Il n'est pas cinq heures; l'espace ruisselle du reflux. Est-ce ce bruit d'averse (de mousson !) qui me fait penser à la dalle de granit qui m'attend, dans certain cimetière ? Et pourquoi me demander quelle épitaphe me conviendrait, puisqu'il n'y en aura pas ? Mais sans doute l'esprit goûte-t-il ce genre de jeux doux-amers…
J'ai cherché en vain la sépulture de Valéry, dans le Cimetière marin de Sète. Y figurent, je crois, deux vers du poème illustre : « O récompense après une pensée / Qu'un long regard sur le calme des dieux ! » Sur la tombe de Cocteau, ces mots : « Je reste avec vous ». Sur celle de Pagnol : « FONTES, AMICOS, UXOREM DILEXIT ». (Je ne hante pas assez les cimetières pour avoir relevé d'autres messages… d'outre-tombe où se résument une vie, une œuvre.)
Mireille, dans l'une de ses lettres, avait composé une « badge à [mon] usage » ainsi conçu : « Fervent du corps féminin ». C'était me bien connaître ! Mais je fais mien, d'abord, le soupir de ce Marocain d'âge mûr qui, enfant, accompagnait sa mère au hammam – jusqu'au jour où on le jugea « trop grand » pour un tel lieu. De quoi, à l'entendre, il ne se consolait pas : « L'œil n'est jamais rassasié. » J'ajouterai, pour ce qui me touche : ni aucun de nos sens.
C'est à Hugo, tout compte fait, que je demanderais… le mot de la fin : « Et moi je m'en irai au milieu de la fête / Sans que rien manque au monde immense et radieux. »
Est-il, par parenthèse, un alexandrin plus démesuré que ce dernier vers ?
F.S.
Décembre 2008