Je m'éveille. Il n'est pas cinq heures ; l'espace ruisselle du reflux. Est-ce ce bruit d'averse (de mousson !) qui me fait penser à la dalle de granit qui m'attend, dans certain cimetière ? Et pourquoi me demander quelle épitaphe me conviendrait, puisqu'il n'y en aura pas ? Mais sans doute l'esprit goûte-t-il ce genre de jeux doux-amers…
J'ai cherché en vain la sépulture de Valéry, dans le Cimetière marin de Sète. Y figurent, je crois, deux vers du poème illustre : « O récompense après une pensée / Qu'un long regard sur le calme des dieux ! » Sur la tombe de Cocteau, ces mots : « Je reste avec vous ». Sur celle de Pagnol : « FONTES, AMICOS, UXOREM DILEXIT ». (Je ne hante pas assez les cimetières pour avoir relevé d'autres messages… d'outre-tombe où se résument une vie, une œuvre.)
Mireille, dans l'une de ses lettres, avait composé une « badge à [mon] usage » ainsi conçu : « Fervent du corps féminin ». C'était me bien connaître ! Mais je fais mien, d'abord, le soupir de ce Marocain d'âge mûr qui, enfant, accompagnait sa mère au hammam – jusqu'au jour où on le jugea « trop grand » pour un tel lieu. De quoi, à l'entendre, il ne se consolait pas : « L'œil n'est jamais rassasié. » J'ajouterai, pour ce qui me touche : ni aucun de nos sens.
C'est à Hugo, tout compte fait, que je demanderais… le mot de la fin : « Et moi je m'en irai au milieu de la fête / Sans que rien manque au monde immense et radieux. »
Est-il, par parenthèse, un alexandrin plus démesuré que ce dernier vers ?
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