"VUE SUR LA MER" XX
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Avec ce texte, se poursuit la chronique "Vue sur la mer" commencée l'été 2013 - et qui prendra fin cet été 2016.
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En quel millénaire – avant ?, après J.C ? – sommes-nous ? Du côté de Sumer, ou d'une Terre couverte de mégapoles ?
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En quel millénaire – avant ?, après J.C ? – sommes-nous ? Du côté de Sumer, ou d'une Terre couverte de mégapoles ?
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L'oxydation est profonde ; la corrosion avancée.
La mer est-elle table de grès, ? Cuve de naphte bleu de Prusse ?
Le ciel passe, en s'élevant, de l'ombre naturelle à l'ocre rouge vif. Une suie fine y flotte, ainsi qu'après l'embrasement d'une meule de foin ou d'une forêt de résineux.
Au centre du paysage de haute antiquité, un demi-cercle d'ocre repose sur l'horizon marin. Chu là par pesanteur ? Ou une invisible main exhume-t-elle un plat de bronze doré ?
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Mais non, et les minutes qui suivent nous l'apprennent : une sphère s'enfonce, comme gobée par les eaux. Quelque chose en nous se tend pour en ralentir la chute, et nous invoquons Josué.
En pure perte : cette disparition est sous le signe de l'inexorable, comme on verrait, impuissant, humilié d'être à quel point sans pouvoirs, sombrer un vaisseau.
L'inexorable. Une situation qui nous réduit aux limites de l'homme, à sa misère, avec ou sans Dieu.
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Les spectateurs frivoles guettent l'apparition du rayon vert. L'homme de sens anticipe le poignant sentiment de deuil qui l'étreindra quand le limbe solaire aura disparu ; qu'il n'y aura plus alors de dérivatif à la nuit des eaux, à celle de l'espace.
Car il n'est pas que le soleil luisant, qu'on ne saurait regarder en face ; mais une nuit qui pourrait bien être, pour nous, sans aurore. Et qui, vous épargnerait-elle, vous laisse, à cette heure, à tâtons, le froid au cœur.
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Né après Galilée, je ne peux donc me représenter la déesse Nout, la Nuit primordiale, engloutir Amon-Rê pour le régénérer en son sein, et le remettre au monde, à l'Est, à la prochaine aurore.
À se borner à ce que l'on voit : un soleil quasi exsangue, un horizon qui n'est plus celui qui, au grand jour, départage l'ici et l'ailleurs ; le mesurable et l'infini ; le visible et l'aventureuse face cachée,
vous revient le vers d'Apollinaire : « soleil cou coupé ».
vous revient le vers d'Apollinaire : « soleil cou coupé ».
Et l'on ne doute pas d'avoir assisté à une exécution capitale.
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Photo Ph. Giraudin
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Photo Ph. Giraudin